De plus en plus, on voit des images de windsurf tournées à l'aide de drone, et cela donne des images formidables, on est tous d'accord la-dessus. En windsurf, beaucoup d'images que l'on voit sont tournées à l'étranger, et donc, les législations étant différentes dans quasiment chaque pays, ça peut donner envie de faire les mêmes mais pas de chance, chez nous, on a des restrictions aéronautiques, au droit à l'image, et au code de l'aviation civile..ca fait beaucoup.
La presse spécialisée indique que 400000 drones ont été vendus sur la période 2017/2018 mais beaucoup de d'utilisateurs ne se donnent pas la peine de serait-ce que lire la notice d'utilisation, et donc encore moins de s’intéresser à la législation.
Comme il est arivé une petite mésaventure à un windsurfer cette semaine, je me permets ces petits conseils si vous utilisez un drone.
Je suis professionnel de cette filière depuis maintenant 4 ans et je commence à avoir un réseau de connaissances assez bien fourni. Je ne filme quasiment plus rien car chaque vidéo donne sujet à polémique et j'ai orienté mes connaissances acquises vers la formation à la règlementation. Cette nouvelle orientation m'a permis d'intégrer le Conseil des drones civils à Paris, en tant que membre observateur. Ce Conseil a pour but de tenter de faire évoluer la législation aussi bien dans le cadre professionnel que pour les drones de loisirs. On a par exemple réussi à faire retirer des textes en préparation, l'obligation d'installer un signal sonore et on lutte actuellement pour que l'obligation d'identification des drones style transpondeur qui doit entrer en vigueur le premier janvier 2019, soit remplacée par une autre solution qui ne modifie pas l'intégrité de la machine.
C'est grâce à cette fonction au CDC que cette semaine, j'ai été contacté par une association de pilotes professionnels. Il existe plusieurs assocs de ce type. Leur but est de faire supprimer toutes les vidéos illégales afin qu'elles n'incitent pas d'autres amateurs de drones à commettre les mêmes infractions, car toute infraction, si elle est médiatisée, influe sur l'opinion publique. On se retrouve avec des télépilotes (pro et amateurs), qui se font insulter ou carrément ceinturer ou casser leur matos par des nazes qui regardent BFMTV toute la journée et qui pensent que "drone" est obligatoirement synonyme de "terroriste". Il y a même un vieux qui a descendu le drone des pompiers venus dégager un nid de frelons. (
https://www.bfmtv.com/societe/seine-et- ... 61232.html)
En général, ces associations ont un simple but pédagogique : elles appellent le gars et lui expliquent les règles, et dans 80% des cas, ça s'arrête là, la vidéo est retirée. Quand la manière pédagogique ne fonctionne pas, elles renvoient le problème sur une adresse mail de la GTA (
https://old2017.federation-drone.org/re ... ormations/) . Et ça fonctionne puisque parfois, et ça a un effet dissuasif quand ça sort dans le journal. Dans cet exemple, le gamin a juste eu la mauvaise idée de publier ces images en mode public. ca a été repris par la mairie du bled, et d'autres sites qui s'en sont servi pour la promotion de l'évènement. :
https://actu.fr/normandie/martinvast_50 ... 64440.html .
Un membre d'une de ces assocs rencontré lors d'une réunion, (un windsurfer du Var) , qui savait que j'étais également windsurfer, m'a appelé cette semaine pour m'indiquer qu'une vidéo de windsurf amateur, avait été postée sur Windsurfjournal, (site commercial) et que l'auteur de la vidéo ne figurait pas dans la liste des opérateurs déclarés à la DGAC (
http://www.ecologique-solidaire.gouv.fr ... clares.xls) Il m' a demandé si je connaissais l'auteur. Il se trouve que oui. J'ai donc contacté l'auteur en lui expliquant que le fait de publier une vidéo aérienne qui se retrouve sur un site commercial, entrait malgré lui dans ce qu'on appelle "les activités particulières", c'est à dire, réservée aux exploitants professionnels, déclarés, assurés etc.. Il a retiré la vidéo mais à cette heure, malgré plusieurs relances, je n'ai toujours pas réussi à savoir si la vidéo a été envoyée à la GTA ou pas.. Tous ces groupes privés étant en contact entre eux, il se peut très bien que n'importe quel membre d'un de ces groupes n'ait pas attendu le retrait de la vidéo et ait remonté la vidéo aux flics. Et le temps que l'instruction se fasse, ça peut durer des mois, comme l'explique très bien ce youtuber très connu :
https://www.youtube.com/watch?v=evNIdlLnSOg. Pendant ce temps, inutile de préciser que l'auteur de la vidéo vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, ça peut lui tomber dessus dans 6 mois, un an, voire plus.
Hier, en tant qu'instructeur, j'étais invité à la remise des diplomes des BIA d'un aeroclub qui va monter une unité d'initiation au pilotage de drone. Tout le gratin local était présent , et j'ai pu m'entretenir avec le capitaine de gendarmerie aérienne de Bordeaux. Et il m'a très clairement mis en garde à propos de l'activité que je souhaite développer : depuis l'évènement de Brégançon cet été, de nouvelles dispositions envers les drones ont été prises. Le but est de dissuader tout le monde d'utiliser des drones. Et dorénavant, la première chose que les flics regardent quand ils chopent quelqu'un, c'est s'il est déclaré photographe aérien. Ca leur permet de faire mouche quasiment à 100% puisque quasiment personne ne sait que pour faire de l'imagerie aérienne (profession règlementée, contrairement à l'imagerie au sol) il faut se déclarer photographe aérien. C'est juste une formalité qui ne coute rien. Si vous avez fait cette déclaration, ça prouve que vous vous êtes intéressé à la législation, et à part si vous avez volé la nuit ou survolé des gens, vous ne risquez pas grand chose. (
http://www.expertsdelentreprise.com/Que ... d-un-drone).
Autre info : à chaque évènement causé par un drone, les infos rabâchent en boucle qu'il faut utiliser la carte Geoportail. Or cette carte n'est qu'indicative. Elle est conçue à base d’algorithmes qui ne prennent absolument pas en compte les zones temporairement interdites, ou les sites protégés comme les zones Seveso, mais également les zones réglementées par des gestionnaires comme les ports ou certaines zones cotières. elle ne prend pas non plus en compte les zone RTBA ( zone haute vitesse à très basse altitude) qui permet aux avions de chasse de transiter d'une zone d'entrainement à une autre. Ceux qui habitent sur la cote landaise le savent, on voit parfois passer des 2000 à moins de 50m sol. Privilégiez donc le site
https://www.mach7drone.com/, beaucoup plus précis, et qui explique pourquoi il y a des restrictions et parfois à qui il faut s'adresser pour obtenir l'autorisation de voler. A la demande de la gendarmerie aérienne qui c'est aperçue des lacunes et sanctionne des mecs qui se croient parfaitement en règle, le conseil des drones civils reçoit les responsables de l'IGN en octobre, pour voir comment faire pour améliorer le système.
Pour ceux qui utilisent des drones DJI, sachez que quand vous filmez du windsurf ou du kite et que vous voyez le message "to high wind velocity", si votre drone subit un crash avant la fin de la session en cours où s'est affiché ce message, la garantie ne fonctionne pas. Et pour les pros, l'assurance non plus. Il faut poser le drone, l'éteindre, et redémarrer pour générer un nouveau log dans lequel le message n'apparaitra pas.
Donc voilà, j'espère que ce petit message aux possesseurs de drones vous permettra d'y voir plus clair. Si vous faites des montages, éviter de mettre des logos de shops, de marques, qui pourraient faire penser que votre vidéo est promotionnelle, donc commerciale. Faites surtout gaffe à qui vous diffusez vos images aériennes, même si vous portez plainte contre quelqu'un qui les utilise à votre insu, cette personne ne risque absolument rien, la loi est faite de telle manière que seul l'auteur est responsable.
Bons vols à tous et à votre dispo pour tout complément d'informations.