Vincent a écrit:
Salut Thierry,
J'ai un gros doute sur les 9 protos par taille. Ne serait-ce que pour une raison de temps !
12 flotteurs par 9 protos, ça fait 98 planches, que pour la gamme sonic. Soit, à une planche par jour, quasiment 6 mois de travail...
Et pour les tests ? J'imagine qu'il faut un peu de temps en match test pour déterminer quelle planche est la meilleure entre 2, sachant qu'aucune ne doit être complètement pourrie; On va dire une heure par type de plan d'eau, donc 2 heures pour 2 plans d'eau différents (plate ou gazeuse). Soit 2 heures mini par test match...
Alors entre 9 !!! Ca fait 81 tests match par taille, soit 160 heures pour une seule taille. A 5 heures de test par jour (faut tenir le rythme...), ça fait 32 jours par taille... Pour 12 tailles, ça fait 384 jours. Ca fait long pour une seule année...
je n'ai aucun doute sur l'investissement fait sur le développement par SB, Patrik, Tabou, Fanatic... Globalement, les planches sont toujours un peu meilleures d'un millésime sur l'autre.
Mais faut pas non plus déconner sur la quantité de protos réellement testés.
Ce qui est dommage, c'est qu'au vu de l'absence de constance dans la reproduction en série des fameux protos, tu peux même avoir une planche plus ou moins tordue à la fin en shop...
Salut Vincent,
Relis-moi STP: j'ai bien précisé que 9 protos, c'est pour un flotteur entièrement nouveau. SB ne sort pas huit ou neuf iSonic entièrement neuves par an; plutôt deux ou trois. Certains flotteurs ne sont pas modifiés du tout, et d'autres reçoivent des modifications qui peuvent être validées avec seulement deux ou trois protos. Par ailleurs, Rémi conçoit les flotteurs, mais il ne passe pas le rabot lui-même sur chaque proto: il y a une petite équipe de shapeurs auxquels il donne les dimensions, et dont il surveille le travail; il ne fait pas non plus la strat' lui-même. Enfin, les tests vont plus vite que tu ne l'imagines. Il y a 4 ans, lors de la PWA de Nouméa, il avait apporté une montagne de flotteurs à tester. Parmi ceux-ci, il y avait 4 iSonic 124: le flotteur existant, et 3 flotteurs de shape identique, mais dont les technologies de construction étaient différentes. Un jour où le vent était moins fort, comme ses coureurs sponsorisés étaient en train de faire des manches, et n'ayant donc pas de pro sous la main, il m'a pris comme référence: on prenait chacun un flotteur, on naviguait bord à bord cool, puis on bordait à fond en même temps, et on regardait ce qui se passait; on répétait ça plusieurs fois. On n'a pas du tout le même gabarit ni le même niveau, mais ensuite on changeait de flotteur, et il regardait le delta par rapport à la fois précédente. On retenait la fabrication qui donnait les meilleures accélérations, et on passait au flotteur suivant. Les différences entre certains flotteurs étaient flagrantes. Il n'a pas retenu la construction la plus légère, parce qu'on sentait le flotteur se déformer sous les pieds, et c'est la deuxième plus légère qui a été retenue, car elle offrait le meilleur compromis poids/raideur. Après avoir fait son choix, comme il y avait deux constructions qui étaient assez proches, il a demandé à plusieurs slalomeurs qui étaient sur la plage de naviguer avec ces deux flotteurs, pour voir si celui qu'il avait retenu était préféré par une majorité de véliplanchistes. En fin de journée, trois technologies de construction nouvelles avaient été testées, et le tout avait pris moins d'une après-midi. Une fois que l'étape de la PWA a été terminée, il a effectué des tests avec les pro du team SB; en particulier SQO, Lena Erdil et Delphine Cousin on testé des protos d'iSonic 97.
Un exemple de changement radical, puis d'évolution plus subtile d'une année sur l'autre: l'iSonic 90 (aujourd'hui: iSonic 63). Quand SB est passé de la génération iSonic 94/96 (60 cm de large) à la génération 90 (63 cm de large), on a eu droit à un shape totalement nouveau, donc de nombreux protos. La première année, le flotteur manquait de contrôle, et les deux millésimes suivant, il y a eu un gros travail d'amélioration à ce niveau. Depuis, il y a eu des années où le flotteur est resté inchangé, et d'autres où il a reçu des modifications plus ou moins importantes. Au final, à mon petit niveau, je suis aujourd'hui très confortable sur plan d'eau clapoteux avec mon iSonic 63 en 6,3 alors que l'année où la 90 est sortie, quand je devais utiliser ma 6,3, je sortais ma 87 de sa housse.
Ensuite, les marques achètent les flotteurs les plus aboutis des concurrents; certaines marques sérieuses les achètent pour avoir une référence (en bon franglais: pour faire du benchmarking) et pour faire un shape meilleur que le meilleur des concurrents, et d'autres boîtes (les wannabe) les achètent juste pour copier ce qui se fait de mieux, faire deux modifs mineures, et mettre leurs stickers sur le pont.