Hello Bruno, roi de la tongue,
Imagine un peu que ta tongue qui se déshonore en se commettant sur les étales de supermarché est en réalité l'élue.
Elle est certainement née à la fin des années 1970 avec l'avènement des sports de glisse. On peut imaginer un surfer californien, chausseur de son état, trouver que malgré ses 4000 années d'évolution la sandale n'avait pas encore atteint son apogée fonctionnelle. Les contraintes ne sont pas insurmontables : étanche pour être chaussé sans se sécher, large pour ne pas s'enfoncer dans le sable, épaisse pour ne pas craindre les cailloux acérés et facile à chausser comme toute bonne sandale.
Et hop, les Coolshoes étaient nées!
Autant cela devait être assez pratique à la plage, autant c'était ridicule ailleurs. Impossible de conduire, impossible de courir ou de monter un escalier. Cela restreignait beaucoup le marché mais ce n'était pas trop grave tant que le surfer chausseur n'avait pas d'autre ambition que d'avoir de quoi de quoi s'acheter un peu d'herbe pour kiffer les couchés de soleil en jouant de la guitare avec de charmantes demoiselles à coté.
Et pis un jour un méchant marketeux est arrivé et lui a proposé de racheter la marque (alors qu'elle n'était certainement même pas déposée)
Le marketeux a son business plan bien en tête, puisque ces chaussures sont l'illustration de la coolitude californienne, il faut les exporter à travers le monde civilisé.
Les Américains étant bien organisés, ils ont créé une petite organisation dont le but est faciliter la promotion et la distribution de produits américains, ils l'appellent l'OMC.
Pour les marchés plus difficiles à conquérir, une deuxième organisation en charge d'aider la première voit le jour : l'OTAN
Le succès est foudroyant, tout ce que l'occident compte comme adepte des sports de glisse porte sa paire de Coolshoes.
L'adepte de Bernays est heureux, de belles dividendes viennent gonfler son compte en banque, les investisseurs le considèrent et même la reine des Cheerleaders qui l'avait éconduit pour le bal de promo 3 ans avant est prête à tout pour s'afficher avec le winner, surtout depuis qu'il roule en 325i Cabrio.
Mais en entreprise comme en vélo, si l'on arrête d'avancer, on tombe. Viens alors l'idée de génie de créer toute une ligne d'habillement criant au monde la Coolitude absolue de celui qui porte, chapeau, lunette, Tshirt, tout y passe!!!! La marque devient une licence apposant son blason qui par un don quasi alchimique transforme le coton en Or.
Notre marketeux a maintenant une belle maison à Malibu avec vue mer et s'est mariée avec la cheerleader.
Il ne pourra pas kiffer longtemps la vue, entre les financiers et les petits génies de l'informatique ça construit de partout. Sa cheerleadeuse commence même a le tromper avec un Yuppie de chez Leman Brothers qui la trimbale sans s'en cacher 911 boite auto.
Après une grosse dépression, notre patron amère décide lui aussi se faire une place au soleil. Il ferme les ateliers Californiens pour faire fabriquer au Mexique ou le coût de la main d'oeuvre est bien moindre alors faut pas hésiter.
Et un jour, Wallmart lui propose de distribuer ses flip-flaps dans ses rayons, l'aboutissement de toute franchise est de générer le maximum de revenu, diviser par 2 la marge unitaire en quintuplant les ventes, c'est toujours du bon business. En plus, en Chine, les gars te fabriquent ça encore bien moins cher que les mexicains et savent t'en faire des centaines de milliers dans le mois.
Ca y est, il dévale enfin les rues de Bel-Air avec sa MacLaren F1. Une jeune youtubeuse siliconée à ses cotés le rassure sur son enviable réussite.
A titre perso, je ne regrette donc pas que les coolshoes se retrouvent dans les grandes surfaces car ce n'est que l'aboutissement d'un cycle commencé bien avant qui montre la vraie nature des marques. Se créer une image pour créer de la valeur.
Antoine