Attention: ceci est une pure réflexion "papier" sans expérience terrain (j'en suis à la phase bonds non contrôlés) alors n'hésitez pas à corriger les erreurs, fausses idées ou interprétations

Je suis ingénieur curieux, et j'aime utiliser le bon outil pour la bonne mission. Quand on voit le nombre de modèles de voiles dans les gammes, même s'il y a du marketing, on voit qu'il n'y a pas de modèle à tout faire.
J'aime les voiles. Je ne suis pas un pro. Je n'ai pas vraiment d'expérience de conception ou de régate à haut niveau, mais j'aime les voiles, je suis curieux des voiles. En cata Classe A, on a une seule (très bonne) voile de 14 m2 pour naviguer de 6 à 20 noeuds de vent. C'est mon jeu ces dernières années.
Pour s'adapter au vent et à la mer, on joue sur:
* cuni (point d'amure): primordial, c'est le réglage principal,
* bordure: beaucoup moins: passage près/largue. Plus creux dans le tout petit temps,
* écoute pour le vrillage de la voile, à la demande,
* rotation du mât aile pour une attaque plus ou moins ronde et plus ou moins de creux,
* la dureté des lattes (les 3 du haut). Lattes souples dans le petit temps, elles se mettent en forme avec peu de vent. Lattes rigides quand ça monte, pour aplatir le haut de la voile et augmenter le vrillage.
Creux avancé = tolérance. Profil creux = puissance au détriment de la vitesse. Profil plat pour la vitesse au détriment de la puissance.
Pour le même vent:
* plan d'eau plat: voile plate pour aller vite, on n'a pas besoin de puissance
* face à du clapot: profil creux et avancé (puissance et tolérance)
Problème du windfoil:
* il faut de la puissance pour décoller dans peu de vent,
* une fois décollé, il faut réduite la puissance, on n'a plus de charge,
Donc deux modes de fonctionnement différents. Il faudrait deux voiles différents. Mais on ne peut pas rerégler la voile comme c'est fait en Moth à foil: prendre du cuni et de la bordure pour transformer applatir la voile, régler le vrillage de la voile...
Race - Freerace:
Je ne vais pas creuser les voiles de race et freerace. La tendance se dégage déjà en terme d'outline. La compétition permettra de faire émerger les meilleurs compromis. On voit déjà des similitudes entre Severne hyperglide, NP FlightEvo, Gaastra Vapor Air, Phantom Iris RF et X. Tête fine, cambers, fourreau large, réglage de tension d'écoute... Mais ce n'est pas conçu pour le freeride foil, le "bump and jump" foil, le débutant foil...
Freeride:
Donc 1) décoller 2) ouvrir pour rester en l'air. A lire les messages, on peut rester en l'air avec 1 à 2 m2 de moins qu'en aileron. A lire les messages, pour l'étape 1) décoller, la clef c'est le pumping. Et pomper pour décoller est la condition pour ne pas être surtoilé une fois en l'air.
Donc la voile foil freeride doit être bonne en pumping. Là je m'avance en terrain incertain. pomper c'est ramer dans l'air. La pagaie c'est la voile. Il faut de la surface en haut de mât car c'est là que ça bouge (comme la pâle en bout de manche. Pas trop de vrillage pour avoir un appui sur l'air. Léger,car on veut brasser de l'air, pas de la masse.
Je ne pense pas que le creux de la voile soit primordial lors du pumping, mais je n'ai pas trouvé de littérature sur le sujet.
Addition de Nicowind:
Pour le pomping, le principal critère n’est pas spécialement la voile mais la correspondance entre la voile et le mât : il faut trouver assez de souplesse pour que l’ensemble mât voile se déforme mais aussi assez de raideur pour que ça revienne en place assez vite pour l’ensemble coup suivant. Le but était d’exploiter le ressort du coup précédent au coup suivant... Donc certaines voiles vont avoir un très bon pomping avec une chute qui ouvre et d’autre un très bon pomping avec une chute fermée... et inversement!
Un point important également est de ressentir dans le coup de pomping une continuité de bas en haut dans la transmission de la puissance à la chute (ça correspond concrètement au mât qui se plie et fouette l’air en tête de voile (pas très bonne cette image mais j’ai pas trouvé mieux))
Une tête trop large va mettre plus de temps à revenir et ça va créer une lourdeur dans le pomping, et à l’inverse une tête trop fine peut effectivement créer un manque pour plier le mât jusqu’au bout. Donc encore une histoire de compromis à trouverUne fois en l'air, on parle de position debout, mât droit, de faible charge. La pression doit être faible (sinon on se ferait arracher).
Donc la voile doit prendre sa forme même sans pression forte. Plusieurs possibilités complémentaires ou antinomiques:
* creux de forme dû aux pinces dans la voile,
* cambers,
* lattes courtes et mast panel souple
* lattes souples.
En plus à cause de la faible trainée du foil et des faibles charge, des spécialistes disent qu'il faut moins de twist car on navigue plus près du vent apparent. Ce qui dans mon modèle est bon pour le pumping.
J'ai plusieurs fois aussi lu que les gens voyaient dans la souplesse d'un gréement un avantage pour le pumping (mais je ne suis pas convaincu que ce soit si simple, même si c'est agréable).
Là deux options:
Acheter des voiles dédiée: Naish Lift, Teiva Swart, Duotone F-Type, Loft Skyscape. Volume en haut. Moins de vrillage. Légèreté...
Je ne sais pas pour la dureté des lattes et l'importance du creux lié aux pinces par rapport au rond de guindant. Mais concernant les solutions optimales, comme le disent les anglais, "the jury is still out". En particulier sur les cambers.
David Ezzy sur l'Hydra:
The Hydra also borrows the 3/4 batten concept from our hardcore wave sail, the Taka. A 3/4 batten allows the sail to luff, which means that it can easily go from full to flat. This is important for many aspects of foiling. This helps the Hydra to be extra powerful when you’re pumping it but flat and responsive when flying on the foil. And, the Hydra’s 3/4 batten is the reason it can de-power so easily and change its shape for the needs of the foil. When you sail up wind, you want a flat sail, and when you sail downwind, you want a full sail. The 3/4 batten allows both to occur without having to adjust the outhaul.
Teiva, Naish, Ezzy d'une part. Duoton et Loft de l'autre. Je suis convaincu que les deux concepts survivront, comme c'est le cas en aileron, car les deux ont leur raison d'être.
Les outline des voiles sont aussi différents avec des rapports bas/haut assez variables. L’extrême pour moi est la Swart qui a un bas de voile type vague. Les autres ont plus de surface en bas, avec la Hydra en extrême.
On est juste au début. il faudra quelques années de tâtonnement pour trouver la meilleure formule. Un peu tôt pour acheter les yeux fermés. Et un peu plus pour les trouver en occasion. c'est un marché de niche, ça risque ne pas aller vite. Et manifestement c'est la compet et le rêve qui font vendre. Pas du matériel pour le commun des mortels et les débutants.
Option 2 acheter une voile non dédiée
Et là pas cool...
Les slaloms à camber ne semblent pas coller au programme.
Peu de charge dans la voile et moins de vrillage. Sur le papier: moins de cuni/ d'amure. Sur ma vector, si je fais ça, les cambers sautent. Donc obligé à beaucoup de tension et de vrillage. Assez lourde... finalement, ça ne me semble pas l'idéal.
J'ai lu sur le site de Severne "The no-cams means you can reduce loads without fear of rotation problems, and with the NCX’s stability you’ll be able to reduce the sail size gap between it and normal windsurfing".
Si pas de cam, au moins on peut relâcher du pied de mât. Mais dans ce que j'ai lu, les designer parlent de 1 ou 2 cm. C'est pas beaucoup. Ca change un peu la forme, mais pas tant que ça.
Le profil d'une 4 ou 5m est fait pour faire planer une planche avec beaucoup plus de trainée qu'un foil, plus abattue, dans plus de vent, avec plus de charge das la voile: tissus lourds, lattes rigides. Plus de tension sur le mât... Finalement c'est assez éloigné de notre recherche...
Il faudrait une voile avec un volume largement lié à des pinces, qui ne demande pas trop de charge sur le mât pour se mettre en forme. Dessus des lattes souples. Une grosse marge de réglage de tension d'amure, qui permette d'avoir une chute assez tendue, puis d'aplatir.
Sûr: on peut faire du foil avec n'importe quelle voile. Mais je n'ai pas identifié de voile existant depuis quelques années, trouvable sur le marché de l'occasion et pouvant en la réglant s'approcher de ce que l'on a listé ci-dessus, même en acceptant plus de poids.
Des noms qui reviennent : Loft Oxygen, North Super Hero, Gun Torro, Xo Vega. Mais je n'ai pas vu de consensus.
Addition de ThierryP:
Le type de voiles non spécifiques qui semble vraiment bien fonctionner en foil, sont les deux cambers. S2 Maui pousse la Wicked, Severne conseille la Turbo GT, et je suis vraiment ravi de mes MauiSails Titan (voile également chaudement recommandée par Glissattitude).Si vous avez, faites signe

Au passage: un article intéressant de Severne qui analyse sa gamme avec un prisme windfoil:
https://www.severneshop.com/windfoiling ... d-to-know/JMF