Dans les standards actuels, la relation entre la longueur des mâts et l’indice IMCS comporte 4 erreurs historiques incompréhensibles : les mâts de 370 cm indice IMCS = 17, les mâts de 430 cm indice IMCS = 21, les mâts de 490 cm indice IMCS = 29 et les mâts de 520 cm indice IMCS = 32.
En sachant que l’indice IMCS augmente d’un point tous les 10 cm, on devrait avoir la suite logique suivante :
340 cm/13; 350 cm/14; 360 cm/15; 370 cm/16 [et non pas 17]; 380 cm/17; 390 cm/18; 400 cm/19;
410 cm/20; 420 cm/21; 430 cm/22 [et non pas 21]; 440 cm/23; 450 cm/24; 460 cm/25;
470 cm/26; 480 cm/27; 490 cm/28 [et non pas 29]; 500 cm/29; 510 cm/30; 520 cm/31 [et non pas 32];
530 cm/32; 540 cm /33; 550 cm/34.
Par conséquent, les mâts actuels de 370 cm/17; 490 cm/29 et 520 cm/32 sont tous trop raides d’un point IMCS tandis que les mâts de 430 cm/21 sont tous trop souples d’un point IMCS.
Le mérite des mâts Patrick pour sa gamme de voiles Race SF est de corriger en partie ces erreurs en proposant des mâts qui respectent strictement la suite logique des valeurs de l’IMCS corrélée à la bonne longueur, sauf pour les 4 plus grand mâts :
380 cm/17; 400 cm/19; 420 cm/21; 440 cm/23; 460 cm/25; 480 cm/29 [devrait être 27 ?]; 500 cm/32 [devrait être 29 ?]; 520 cm/33 [devrait être 31 ?] & 550 cm/37 [devrait être de 34 ?].
D’une manière générale, un mât trop raide induit une voile plus creuse mais diminue le twist de la chute au dessus du point d’écoute. La voile a un meilleur départ au planning en plage basse mais possède un feeling bien plus rigide. Ceci est à réserver pour des pilotes qui aiment avoir de la puissance dans la voile ou pour les gabarits > 90 kg qui déforment bien plus la voile qu’un gabarit léger.
Inversement, un mât trop souple induit une voile plus plate mais augmente le twist au dessus du point d’écoute. La voile a tendance à partir plus tardivement au planning en plage basse (manque de puissance à bas régime) mais possède un feeling plus souple. Ceci est à réserver pour les gabarits légers jusqu’à 60 kg ou ceux qui veulent du confort avant tout.
Afin de pouvoir adapter le profil de la même voile au gabarit, un gabarit léger devrait prendre un mât plus court et plus souple avec une rallonge de mât > 30 cm, tandis qu’un gabarit lourd devrait prendre un mât plus long et plus raide avec une rallonge de mât < 30 cm. Le gabarit léger utilise sa voile dans une plage de vent inférieure que celle du gabarit lourd. En effet, ce dernier aura besoin de plus de vent pour utiliser la même voile que le gabarit léger, le poids corporel supplémentaire entraînant aussi une plus grande déformation du gréement, ce qui nécessite aussi un mât plus raide pour maintenir le profil de la voile sans trop le déformer et ne devienne inefficace.
En raccourcissant les mâts, on tend vers un rond de guindant Flex Top tandis qu’en rallongeant les mâts, on tend vers le Hard Top. Avec une longueur de guindant fixée à 445 cm par ex, un mât de 430 cm + rallonge de 15 cm est plus raide qu’un mât de 400 cm + rallonge de 45 cm (IMCS 21 versus 19). La courbure du rond de guindant du mât change elle aussi, en passant de 430+15 Constant Curve vers 400+45 Flex Top !
Pour tout ce qui traite de la théorie de la longueur des mâts corrélée à l'indice IMCS et de l'influence d'une rallonge de mât de 30 cm sur cet indice IMCS, voir les chapitres 4, 6 & 9 de cette source incontournable :
http://www.windsurf-scout.de/index.htm? ... masten.htmFort de ce constat, les voiles Patrick Race SF sont toutes coupées avec des mâts courts + rallonges de ±30 cm, ce qui veut dire qui si on met un mât de 400 cm IMCS 19 Constant Curve + rallonge de 31 cm dans la voile de 5.6 m2 par exemple, on va se retrouver avec un profil qui tend vers le hard top si on met un mât de 430 cm + rallonge 1 cm. Un mât Hard Top de 430 cm devrait alors reproduire le même profil qu’un mât Constant Curve de 400 cm. Si on met un mât Constant Curve de 430 cm IMCS 21 au lieu d’un Hard Top 430 IMCS 21, on aura un profil trop souple et trop plat en tête de mât, ce qui contredit un peu les résultats des tests effectués par le team R&D Patrick.
Remplacer le mât de 400 cm IMCS 19 CC + rallonge de 31 cm par celui de 420 cm IMCS 21 CC + rallonge de 11 cm ne va pas conserver le même profil de rond de guindant car on va passer d’un profil Constant Curve à Hard Top. Il est curieux de noter que la voilerie Patrick a choisi de développer un mât plus raide de 420 cm IMCS 21 au lieu du 430 cm IMCS 21 actuel : est-ce pour mieux se rapprocher du rond de guindant en hard top lorsqu'un mât plus long est utilisé ? Mystère...
Un mât plus raide procure une meilleure tenue du profil dans une voile à fort allongement (rapport long guindant sur écoute courte) et c’est pour cette raison que les mâts 480 cm IMCS 29, 500 cm IMCS 32, 520 cm IMCS 33 & 550 cm IMCS 37 développés par Patrick sont 2 à 3 points plus raides que normalement.
Le cahier des charges entre une voile de foil et une de slalom est antagoniste. Fort allongement et chute tendue sont les points forts pour les voiles de foil. Faible allongement et chute molle sont les points fort pour les voiles de slalom, surtout dans du clapot formé où on cherche à avoir le minimum de ballast inutile en tête de mât (swing weight).
Le développement de mâts non-standards tente de résoudre cette problématique par le développement d’une voile hybride qui soit hautement performante dans les 2 disciplines. De ce que j’ai cru comprendre avec ces mâts non-standards, l’utilisateur peut moduler le profil de sa voile en choisissant 3 mâts en fonction du programme choisi entre slalom aileron/foil, de son gabarit et de la plage de vent. Il peut choisir un mât plus court de -20 cm et donc plus souple de -2 points IMCS (voile plate et chute molle pour conditions slalom aileron dans du défoncé et vent fort), ou plus long de +20 cm et donc plus raide de +2 points IMCS (voile creuse et chute tendue pour conditions foil en vent médium) par rapport au mât de longueur et de souplesse idéales. Une rallonge de 30 cm en bas du mât étant indéformable, cela aura tendance à rigidifier et à creuser le bas de la voile, tendance qu’on aura pas avec un mât plus long (qui dit Hard Top en haut dit Soft Bottom en bas…)
Une meilleure approche marketing de la part de cette voilerie serait opportune afin de mieux expliquer aux clients potentiels les avantages d’une telle solution par le développement de mâts non-standards. En particulier, pourquoi développer des longueurs de guindants des voiles Race SF qui sont ±30 cm plus longs que les mâts ?
Enfin, au sujet des parts de marchés à prendre, la stratégie de développer des mâts spécifiques à une marque et d’en faire un marché captif exclusif pour ses utilisateurs n’est pas aussi « débile » que ça pour la marque Patrick. Neil Pryde fait de même avec ses mâts Flex Top/ Progressive Flex, tout comme Maui Sails avec ses mâts Hard Top, tous les 2 étant incompatibles avec la majorité des voiles coupées pour des mâts Constant Curve. Il y a un marché de niche pour chaque marque et cela n’a pas empêché quiconque d’acheter des voiles et des mâts de course qui sont incompatibles avec la vaste majorité du matériel taillé en Constant Curve. Severne et GA l’ont bien compris en abandonnant leurs mâts Hard Top au profit de mâts Constant Curve, essentiellement pour tenter de gagner des parts de marché sur la concurrence.