Le jibe... un sujet récurrent.. Naish disait dans un des tout premiers livres sur le funboard qu'on m'a offert, que
le jibe, c'est la première figure qu'il faut apprendre à passer, et c'est la plus compliquée. Pour commencer, déjà, il y a plusieurs façons de l'écrire, donc certainement aussi plusieurs façons de le passer.. Certains l'écrivent "Jibe", d'autres "Jybe", d'autre "Gybe", et des fois on voit même "djaillebe".. mais bon... tout le monde n'a pas été à l'école avec Chèque-spire.
En fait, à part celui qui navigue toujours sur le même spot avec le même matos, il passe toujours le même jibe.. donc certainement à la perfection s'il l'a travaillé. Il n'imagine même pas qu'on puisse passer un jibe différemment que celui qu'il maitrise.
Pour les autres, je ne vois pas comment on peut dire "pour passer un jibe, il faut faire comme ceci ou comme cela... S'il y a des similitudes et quelques principes communs, selon où l'on navigue, sur quel matériel, avec quelle force de vent, la technique sera différente.
Déjà, personnellement, j'ai identifié plusieurs jibes différents en fonction
-de la force du vent (on jibe pas pareil dans 13 nds et dans 25 nds, encore moins dans 40 nds)
-du flotteur utilisé (sur une planche de vagues ou sur une formula, on jibe, mais pas tout à fait de la même façon)
-de la trajectoire du bord suivant (si on doit remonter au vent, le but va être de ne pas trop perdre de terrain, alors que pour un downwind, on s'en tape, la technique, l'amorce et la relance du jibe s'en trouveront modifiées).. De même, des fois, on fait un jibe tout simplement parce que ... faut tourner !! j'suis taquet, y'a la digue qui arrive !!!!

, y'a carton, j'ai les cuisses qui ont fumé dans le bord d'avant, et si je me rate, y'a la houle qui m'envoie dessus.
-de l'état du plan d'eau (un jibe à Gruissan sur du flat n'a rien à voir avec un jibe dans le chantier de la baie de la Palmyre, ceux qui on fait la FunCup17 savent de quoi je parle.. je vais à Gruissan juste pour passer des racing, ailleurs, sur les spots que je pratique, j'en suis quasi incapable. D'abord à cause du clapot ( si la planche décolle dans la courbe, c'est entorse assurée, déjà 2 fois pour moi), ensuite à cause de la voile : le racing, avec 5.2, 6.3, 7.0, ça passe, avec 7.8 ou 8.5, c'est une autre histoire.. Parait qu'il y en a qui en passent en formula.. Chapeau.
mais pour le windsurfus vulgaris, on en arrive donc à la formule suivante : grande voile + clapot = jibe de grand père..
Et le plus important, à mon avis, c'est le feeling de chacun.. je me suis amusé à mater les jibes des pros à Alaçati, de loin, on dirait qu'ils jibent tous de la même façon, mais quand on y regarde de plus près, en fait, non, chacun a son style et sa technique. Surtout au niveau du mouvement des mains, (les pieds, ça va trop vite, on voit pas grand chose, et l'écume masque le flotteur).
Cela dit, c'est vrai que l'on peut analyser différents type de jibes et en tirer des conclusions communes pour le jibe "moyen", à savoir "dans 18/20 nds, sur 105 litres avec 7.0 sur le flat", le jibe idéal, quoi (vidéo de Méch'). On fait une synthèse et après, on en tire les grands principes et on adapte en fonction des exemples cités au-dessus.
bon mais là, il faut écrire un livre dédié au sujet..
En ce concerne ton sujet (la relance) et le jibe de la vidéo en particulier, je pense que c'est le changement d'amure qui te ralentit. Tu as une assez bonne vitesse à l'entrée du jibe, mais le vent est faible, ta voile est très verticale et présente trop de surface au vent apparent. Ce qui fait que quand tu te retrouves vent arrière, tu rattrapes la vitesse du vent, la voile se retrouve quelques fractions de secondes à-contre, et ça t'arrête.
C'est pour contourner ce problème que le racing jibe a été inventé, la voile couchée n'a pas ou peu de prise et tout se fait en dynamique.
Avec le vent que tu avais, pas facile d'envoyer un racing, donc la solution consiste à prendre un max de vitesse au travers, abattre pour accélérer encore
en gardant la voile bien fermée, et appuyer fermement sur la carre, faire comme si tu voulais pousser ta voile avec tes genoux, ça va t'obliger à transférer ton poids vers l'avant du flotteur et garder un effet de carène (un max de surface mouillée pour garder le planing). En même temps, le pied arrière sur la carre continue à fermer le virage. Il ne sert pas seulement à appuyer pour faire tourner la planche, il doit aussi servir de ressort en appuyant le flotteur fermement, de sorte que quand on relâche la pression, le flotteur reprend de l'inertie en sortant de l'eau, un peu comme du carving en snow.
Quand le nose de la planche à passé l'axe tribord et qu'il est presque grand largue vers babord tu lâches la main arrière en donnant de l'effet pour que la voile tourne plus vite (il faut que la main avant soit en pronation, sinon, on fait des noeuds). Et là, faut pas rater le wish coté babord, le premier coup de "bordage" de la voile va être déterminant pour la relance.
Le passage de pieds, désolé, c'est au feeling, je ne saurais pas l'expliquer. Tout ce que je saurais dire, c'est qu'il ne faut juste pas marcher à coté de la planche
Exemple ci-dessous.
http://c3341.free.fr/windsurf/PHOTOS/Session/120901_Gruissan/120901_Sujic+T2L_01.JPGhttp://c3341.free.fr/windsurf/PHOTOS/Session/120901_Gruissan/120901_Sujic+T2L_02.JPGhttp://c3341.free.fr/windsurf/PHOTOS/Session/120901_Gruissan/120901_Sujic+T2L_03.JPGSur la photo 3, c'est le fait de relâcher la pression qui propulse la planche vers l'avant, coordonné parfaitement avec la rotation de la voile, je repars lancé. toujours plus facile à dire qu'à faire, mais sur ce coup, ça a marché, c'est pas toujours le cas.
En espérant avoir éclairé ta lanterne...