Après le constat accablant que pratiquement personne ne connait les règles de navigation, voici une tentative d’explication claire, adaptée à notre pratique, et la plus exhaustive possible.
Pour ceux qui viennent naviguer sur nos lacs médocains, il est également indispensable de connaitre la règlementation locale ne serait-ce que pour savoir quand on est dans la loi et quand on n'y est pas, après la respecter ou non est l'affaire de chacun.
EDIT: le nouvel arrêté de septembre 2014 est téléchargeable sur
cette page (il existe l'équivalent pour Lacanau).
Avertissement : cet article ne saurait se substituer aux textes officiels qu’il est fortement conseillé de consulter. En aucune circonstance windsurfing33 ou moi-même ne saurions être tenus pour responsables si un accident ou tout autre problème survenait suite à sa lecture ou son application.
Mise au pointDans le contexte le terme « priorité » n’existe pas, il est à l’origine de grossières erreurs d’interprétation car il sous-entend un droit plus ou moins absolu sans devoir en contrepartie. Les termes appropriés sont
privilégié(s) et
non privilégier(s).
Tout ce qui suit est une interprétation stricte des règles de barre tel qu’elles sont écrites dans le RIPAM (je vous laisse chercher la signification de cet acronyme

) à l’exclusion de tout autre document, n’y apparaissent donc pas les règles dans les vagues, entre autres.
« Navire » est un terme générique qui désigne aussi bien un bateau, une planche à voile, un kite.
Extraits importants du RIPAMRègle 7:Code:
a) Tout navire doit utiliser tous les moyens disponibles qui sont adaptés aux circonstances et conditions existantes pour déterminer s’il existe un risque d’abordage. S’il y a doute quant au risque d’abordage, on doit considérer que ce risque existe.
Cette règle est capitale et souvent ignorée : ça veut dire qu’on ne doit pas attendre obstinément la collision sous prétexte que c’est l’autre qui doit nous éviter.
La raison est simple, on ne peut absolument pas présumer de la situation de l’autre : il n’a peut être pas vu le privilégié, il y a peut être un obstacle qui l’empêche de manœuvrer (banc de sable autre trafic etc.), un problème mécanique ou, pourquoi pas, physique.
Règle 8:Code:
a) Toute manœuvre entreprise pour éviter un abordage doit être conforme aux règles énoncées dans la présente partie et, si les circonstances le permettent, être exécutée franchement, largement à temps et conformément aux bons usages maritimes.
b) Tout changement de cap ou de vitesse, ou des deux à la fois, visant à éviter un abordage doit, si les circonstances le permettent, être assez important pour être immédiatement perçu par tout navire qui l’observe visuellement ou au radar ; une succession de changements peu importants de cap ou de vitesse, ou des deux à la fois, est à éviter.
c) Si le navire a suffisamment de place, le changement de cap à lui seul peut être la manœuvre la plus efficace pour éviter de se trouver en situation très rapprochée à condition que cette manœuvre soit faite largement à temps, qu’elle soit franche et qu’elle n’aboutisse pas à une autre situation très rapprochée.
d) Les manœuvres effectuées pour éviter l’abordage avec un autre navire doivent être telles qu’elles permettent de passer à une distance suffisante. L’efficacité des manœuvres doit être attentivement contrôlée jusqu’à ce que l’autre navire soit définitivement paré et clair.
e) Si cela est nécessaire pour éviter un abordage ou pour laisser plus de temps pour apprécier la situation, un navire doit réduire sa vitesse ou casser son erre en arrêtant son appareil propulsif ou en battant en arrière au moyen de cet appareil.
En clair : il faut anticiper et ne pas attendre le dernier moment, modifier sa route franchement et pas d’un ou deux degrés, et ne pas frôler les autres. Ne pas hésiter à ralentir voir s’arrêter si ça ne se présente pas bien ou en cas de doute.
Le vif du sujetRègle 12:Code:
a) Lorsque deux navires à voile s’approchent l’un de l’autre de manière à faire craindre un abordage, l’un d’eux doit s’écarter de la route de l’autre comme suit :
J'ai gardé le meilleur pour la fin, donc on commence par le 2), le 1) est plus bas
Code:
2) quand les deux navires reçoivent le vent du même bord, celui qui est au vent doit s’écarter de la route de celui qui est sous le vent
Pas de difficulté particulière ici :

Attention, on peut être sous le vent mais rattrapant. Or, règle 13a:
Code:
Nonobstant toute disposition des règles des sections I et II de la partie B, tout navire qui en rattrape un autre doit s’écarter de la route de ce dernier.

A savoir que le rattrapant est situé dans un cône de 135° centré sur l’arrière du rattrapé :

Cette valeur n’est pas arbitraire, elle vient tout simplement du cône de visibilité du feu arrière. De toute façon en cas de doute, la règle 13c:
Code:
Lorsqu’un navire ne peut déterminer avec certitude s’il en rattrape un autre, il doit se considérer comme un navire qui en rattrape un autre et manœuvrer en conséquence.
La partie difficile maintenant
Code:
1) quand les navires reçoivent le vent d’un bord différent, celui qui reçoit le vent de bâbord doit s’écarter de la route de l’autre
C’est sans aucun doute la règle la plus mal interprétée,
« tribord roi des mers »,
« tribord prioritaire » ou d’autres expressions similaires sont
totalement fausses. D’une part rien, nulle part, ne dit que tribord à le droit ou le devoir de passer au vent (ou bâbord de passer sous le vent), et d’autre part si dans l’expression ci-dessus «
l’un d’eux doit s’écarter » (et pas «
les deux») est oubliée, la règle 17 (a1) est sans ambigüité :
Code:
Lorsqu’un navire est tenu de s’écarter de la route d’un autre navire, cet autre navire doit maintenir son cap et sa vitesse
Donc
un gars sur tribord qui, comme on le voit 99 fois sur 100, lofe pour passer au vent est en tord :

En fonction des allures, au travers:

Au près :

Au grand largue, où l'on perçoit bien l’absurdité pour tribord de vouloir passer au vent car ça le conduit a se faire volontairement couper la route :

Donc en général :

Bonnes Nav à tous!