Heureux possesseur de la nouvelle R1X L (235x82 et 132 litres) depuis le 30 juillet, je ne suis cependant pas en mesure de la comparer avec l'ancienne faute de l’avoir eue sous les pieds ; en revanche, la M v2 fait partie de mon quiver depuis juin 2015 et tout ce qui me plaît chez elle : douceur, confort, compromis facilité/efficacité, m'a naturellement orienté vers le modèle supérieur lorsque la brise reste inférieure à 15 nœuds ; à noter que la M ne me satisfait totalement qu'à partir de 13 nœuds en 7,8 et S1 41 pour mes 68 kg et 1,85m.
La finition carbone apparent de cette R1X L v2 est encore plus impressionnante que sur la M, sans doute en raison de ses mensurations et surtout de ses décrochés monumentaux d'une seule "pièce" contrairement à ce qui se fait ailleurs ; bref, difficile de passer inaperçu sur le parking au moment de fixer le Rhino 45 livré de série qui d'ailleurs s'ajuste parfaitement au boîtier, sans oublier les fameux straps Dakine Primo ; une certaine émotion parcourt déjà le planchiste en Elix dans toute la phase qui précède la mise à l'eau, j'ai la nette impression de rejoindre l'onde en compagnie d'une œuvre d'art ; seule faute de goût dans le tableau, ma paire de tréteaux issus d'un bois assez vulgaire, Erwan s'il te reste un peu de fibre noire...
Premier planing en Vendée lors de l'été 1987, environ 70 sorties par an sans avoir de grosses prétentions en slalom (pour moi la M est une freeride qui va très vite), je n'ai d'ailleurs jamais eu de GPS - pardon à celles et ceux qui attendaient des chiffres -, à noter que le moteur retenu pour la L v2 est une Gun Sunray 8,6 de l'année en cours, une freeride qui déborde franchement sur du freerace, surtout en plage haute (mât et wish 100% carbone).
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Première sortie le 30 juillet 2016 sur mon spot fétiche de La Tranche sur Mer et son célèbre thermique avec un pied de mât à 130 et les straps avant et arrière sur les inserts du milieu (3 positions) :
Un petit 11 nœuds pour le premier bord vers 15h à mi-marée montante, plan d'eau lisse avec très léger clapot au large. Trois petits coups de pomping et je m'accroche, le flotteur reste bien au travers sans avoir à trop se reculer et j'enfile les straps les yeux fermés, beaucoup plus facilement que sur la M ! Premier jibe pachydermique, en même temps en 8,6 avec 45 d'aileron et 82 de large sans oublier mes 68 kg, je m'y attendais un peu. Petit courant qui m'écarte du vent alors qu'une risée à 12 nœuds se profile lors du retour vers la plage, je décide donc de serrer le vent et toute l'énergie du Rhino transcende le shape surtout qu’une grosse molle à 10 nœuds m'oblige à naviguer sur des œufs jusqu'au sable, ce cap-vitesse dans si peu d'air est tout nouveau pour moi, évidemment avec une M v2 qui manque de replacement à moins d'être vraiment surtoilé, le contraste me saisit.
Me voilà sur la plage pour ajuster les straps après un aller-retour d'un bon kilomètre et j'ai l'impression de fréquenter cette carène depuis des semaines, une X-Fire 122 et une JP similaire essayées brièvement en 2015 - des shapes bien plus courts et plus "gras" du postérieur -, ne m'avaient pas laissé cette impression de facilité ; rien ne semble technique sur cette Elix L v2.
Le thermique est monté progressivement ce jour-là pour atteindre 13 à 16 nœuds, plutôt 13 au milieu du pertuis, et plutôt 16 avec l'effet de cap sur L'Aunis. Le clapot a donc pris de l'ampleur en restant doux néanmoins. Un grand bord de 6 km à mi-chemin entre La Tranche et l'Île de Ré m'aura permis de découvrir la faible dépense physique qu’engendre le flotteur, et l'aisance avec lequel il se joue des caprices d’Éole, tant en force qu'en direction, tandis qu'une remontée jusqu'au Phare du Grouin situé à 3 km pile dans l'axe du vent mettra en lumière les angles dont il est capable. Les vitesses obtenues au près serré ainsi qu'au grand largue ne m'émeuvent pas particulièrement, cela dit je suis loin d'être surtoilé ; en revanche au travers pendant quelques bords une fois arrivé au Phare gros coup pied au fesse, la limite semble être celle du pilote, ça foile naturellement sans avoir à se concentrer.
A mon retour à l'Embarcadère, sur l'ultime bord de grand largue cela fait 2h30 que je navigue avec une seule pose de 10 minutes, aucun spin-out à signaler, une fatigue toute relative et je me rends compte que la L v2 sollicite très peu les jambes et que la voûte plantaire épouse bien la forme du pont, merci d'ailleurs d'avoir pensé aux surépaisseurs sous les talons au niveau des pads.
La dernière demi-heure sera consacrée à du match-test sur des bords d'environ 1km avec Georges équipé en X-Fire 122 récente, Simmer de course 9m2 de l’année en cours et 48 d’aileron Drake si je ne m’abuse (12 kg de plus sur la balance pour lui), à noter qu'il est plus dans son domaine (mes antécédents lointains sont davantage vagues/Bump and jump).
En tribord au travers ou à 110 degrés du vent en s'éloignant de la grève, alimentés d'un vent qui reste calé à 15 nœuds environ et avec un billard sur les 500 premiers mètres puis un petit clapot sur le reste, il me distance de 20 à 30 mètres systématiquement avec parfois quelques centaines de mètres au coude à coude.
En bâbord, au travers ou à 70 degrés du vent, en ralliant la cote, avec plusieurs fois de suite 15 nœuds parsemés de molles à 12, il me distance de 50 mètres au bas mot ; il continue de foiler dans les sautes de vent tandis que je m'effondre un peu à chaque fois, même si le Rhino 45 réagit vite.
Complètement oublié de tester différentes positions de pied de mât ce jour-là, et je ne suis pas aussi pointu dans la recherche de la perf ultime que mon partenaire de test, sinon la Sunray marche fort mais tout de même, en tout cas cette voile colle bien à l'esprit de L'Elix, pas de prise de tête, ça marche tout seul et 3 heures de nav à une vitesse moyenne très honorable ne suffisent pas à épuiser n'importe quel planchiste en forme avec un bagage technique relativement "basique".
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Deuxième sortie sur la L v2 le 01 août 2016, de nouveau à La Tranche sur Mer, avec le pied de mât à 129, me permettra de valider une plage d'utilisation énorme pour mes 68 kg puisque le thermique s'est établi à 10 nœuds vers 15h pour atteindre le seuil des 20 nœuds vers 17h, bien sûr à la rue à ce moment-là, toujours avec la 8,6 et le Rhino 45. Donc je peux faire la jonction avec ma Tabou 3S et 6,3 voire même 5,2 sans passer par la case Elix M v2 + 7,8. Donc hyper chaud dans 20 nœuds en 8,6 (à tester éventuellement en 7,8 et 41 d'aileron) surtout que le clapot est devenu vicieux comme souvent à La tranche dans les gros thermique par marée haute (véritables marches de 50cm aux alentours de l’Aunis). Mais jusqu'à 17/18 nœuds le flotteur est resté parfaitement sain (1 seul spin-out en 2h), haut sur l'eau sans être volage et avec une grand stabilité latérale.
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Et d'une manière générale, je n'ai jamais eu le sentiment de naviguer avec un flotteur large et volumineux, ni même de mettre mes articulations en danger eu égard à sa technologie ô combien rigide. Jibe de moins en moins pachydermique au fil des heures mais impossible de garder le planing pour l'instant, chose aisée avec la M dès la première sortie.
Le dynamisme dont fait preuve le Rhino 45 en plage basse sans pour autant se muer en handicap en plage haute me laisse penser qu’un 49 dans 10/12 nœuds irréguliers aurait toute sa place pour un planchiste de mon gabarit.
Je n'ai pas senti de différences flagrantes avec le pied de mât à 129 lors de ma deuxième sortie, soit au milieu du boîtier, puis de nouveau 130 en fin de session ; voilà sans doute toutes les limites de mon expertise !
Le présent compte-rendu paraîtra sans doute très flatteur en l’absence de confrontations hormis celle avec Georges, mais pour de telles sensations en toute décontraction, des performances en léger retrait des ténors du marché ne seraient à mon humble avis en rien traumatisantes. Pour en avoir le cœur net, il va falloir attendre l’avis de slalomeurs émérites, pensionnaires de ce site ou d’ailleurs.
P.S : Toutes mes excuses aux lecteurs qui s'étonneraient d'une aussi grande précision dans les "relevés" de vent.
