Jason34 a écrit:
gigi66 a écrit:
A part que l’efficacité du vaccin contre la grippe est (très) loin d’atteindre les 90% (60% selon l’OMS)
https://www.euro.who.int/fr/health-topics/communicable-diseases/influenza/vaccination/influenza-vaccination-frequently-asked-questions#384265et de toute façon cette année rupture de stock !
Je sais pas’ c’est une bonne question et on pourrais approfondir le sujet. Depuis quand est sorti le premier vaccin de la grippe ? Depuis toutes ces années il n’est efficace qu’à 60%? Et aujourd’hui on voudrais nous faire croire que le vaccin contre le Covid qui nous est présenté et pondu en 6 mois est efficace à plus de 90%, non mais allô, il n’y a que moi qui voit le problème ou bien?
Je confirme, il n'y a que toi qui voit un "problème" à force de tout mélanger n'importe quoi. Voici donc un petit rattrapage sur ces 2 vaccins pour savoir de quoi on parle exactement :
1) Cela fait +50 ans qu'on a un vaccin contre la grippe. Le problème de l'efficacité de ce vaccin tient uniquement au fait que ce virus mute très rapidement dans le temps entre l'hémisphère nord et sud. Le vaccin contre la grippe contient non pas 1 seul virus, mais 4 ! Ceci afin de maximiser les chances entre la prédiction réalisée 6 mois à l'avance et l'apparition de la souche virale qui va nous infecter en début d'hiver. Couplé au fait qu'il faut 3 mois pour cultiver le virus dans des oeufs, l'incorporer dans un vaccin et le distribuer dans le monde entier. C'est un long processus qui ne se fait pas du jour au lendemain. Donc si la prédiction se loupe complètement, le vaccin ne marchera pas. Si la prédiction peut cibler 1 des 4 virus retenus pour la production, bingo, le vaccin sera efficace.
Regarde cet article de vulgarisation scientifique, la problématique de la prédiction et les contraintes du développement du vaccin contre la grippe en ± "last minute" y est très bien expliqué :
https://www.futura-sciences.com/sante/a ... vin-78020/2) contrairement au virus de la grippe, le coronavirus SARS-CoV2 ne mute que très faiblement, tout comme le SARS-CoV1, le MERS-CoV ou les autres virus de la famille des coronavirus. On a détecté effectivement plusieurs variants depuis 1 année, mais ce qui est important, c'est de savoir si ces variants affectent ou pas la protéine Sprike du virus, protéine nécessaire pour pouvoir nous infecter, via nos récepteurs ACE2 situés dans nos poumons. Si un mutant de la protéine Spike perd sa capacité de se fixer sur nos récepteurs pulmonaires ACE2, c'est gagné pour nous car plus d'infection possible. Malheureusement, ce mutant ne survivra pas et sera donc perdu dans la population humaine car impossibilité de se reproduire. La question revient donc de savoir si un mutant peut devenir moins virulent ou plus virulent, ou si ce mutant peut échapper à notre surveillance immunitaire. Les premiers résultats indiquent que les nouveaux variants ont tendance à être plus virulents dans des modèles cellulaires ou animaux de laboratoires, à induire une charge virale plus élevée chez des patients infectés, mais avec une sévérité identique (taux d'hospitalisation inchangé), avec peu d'effets notamment sur l'interaction entre la protéine Spike du variant D614G et le récepteur ACE2. Ceci a été publié dans la littérature scientifique*.
Ce coronavirus n'est en rien comparable au virus de la grippe et vu son faible taux mutagénique, c'est plutôt une bonne nouvelle pour développer une stratégie vaccinale efficace qui vise à bloquer toute entrée de ce virus dans nos cellules, principalement via l'interaction entre la protéine virale Spike et nos récepteurs ACE2 pulmonaires.
Pfizer, Moderna et d'autres compagnies biotech se sont donc focalisées sur la production de la protéine Spike comme agent immunogénique pour nous protéger d'une éventuelle infection par ce coronavirus. Soit on fait produire par des cellules en culture cette protéine Spike, puis on intègre cette protéine recombinante à un vaccin. Soit on intègre un segment d'ADN ou d'ARN qui encode cette protéine Spike dans un virus vecteur inoffensif, virus recombinant qui est ensuite intégré à un vaccin et qui va produire cette protéine Spike dans nos propres cellules ainsi infectées.
L'intérêt de la technologie à ARN messager est triple : contrairement à l'utilisation d'un virus à ADN comme vecteur, il n'y a pas de risque d'altération de notre propre génome car l'ARNm ne peut ni entrer dans le noyau cellulaire ni venir s'intégrer à l'ADN de nos chromosomes. La stabilité intracellulaire de l'ARNm-1273 de Moderna n'est que de 48 hrs car rapidement dégradé par les enzymes ribonucléases de nos cellules, donc les effets de cet ARNm-1273 sont limités dans le temps. Enfin, il n'y pas pas d'adjuvants dans la composition du vaccin à ARNm car on ne cherche pas à monter une réponse immune directement contre l'ARNm, et ce contrairement à un vaccin qui intègre un virus atténué/inactivé ou une protéine immunogénique.
L'ARNm est encapsulé dans une nano particule lipidique (LNP), ceci afin de le protéger contre nos ribonucléases circulantes (on en a plein les mains de cette enzyme !), mais de taille suffisamment petite pour pénétrer dans nos cellules par pinocytose et ainsi pouvoir délivrer l'ARNm au coeur de nos cellules qui lanceront à leur tour la production de la protéine virale Spike. Comme notre système immunitaire n'a jamais vu cette protéine étrangère exprimée à la surface de nos cellules, il va réagir et monter une défense humorale (anticorps neutralisants de classe IgG ou IgA) et cellulaire (globules blancs de type lymphocytes CD4 Th1) contre cette protéine virale et ainsi nous protéger contre toute infection virale ultérieure. Pour tout savoir sur la nanoparticule lipidique (LNP) de Moderna, voir :
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30785039/Prudence avec ce taux initial de +94% d'efficacité de protection car il est encore trop tôt pour savoir combien de temps va durer cette couverture vaccinale et à quel taux final. Quid des personnes à risques, avec ou sans comorbidités ? Etc... etc... Moderna annonce la poursuite de ses essais cliniques sur une durée totale de 2 ans pour étudier cet aspect justement.
A noter que Moderna a déjà publié dans la littérature scientifique les résultats de ses essais cliniques de phases 1 & 2 tant chez l'homme** que chez les singes***. A noter que le vaccin de Moderna est efficace à 100% chez les singes, donc ce n'est pas si surprenant que cela que ce vaccin soit efficace à +94% chez l'humain. Les résultats des essais cliniques actuels de phase 3 seront publiés dans la littérature scientifique très bientôt. La FDA et l'EMA pourront valider ces essais dès réception de tous les documents requis et ainsi lancer une autorisation de mise sur le marché très prochainement. Rien n'est donc caché ou suspicieux dans ce processus surveillés par des instances indépendantes des biotech. Moderna collabore étroitement avec l'institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) de Bethesda (MD), patronné par un certain Anthony Fauci, référence incontestable en immunologie.
Enfin, dernier point et non des moindres, Moderna bossait sur un vaccin ARNm contre le virus Ebola auparavant (
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29281112/). Dès la publication du génome SARS-CoV2 en janvier, il leur a fallu que 6 semaines pour construire le vaccin contre ce nouveau coronavirus. Les essais cliniques de phase pré-cliniques, 1, 2, 3 et 4 sont très longs à faire pour la simple et bonne raison qu'il faut au minimum 1 mois pour monter une vigoureuse réponse immunitaire chez l'humain par une vaccination en 2 étapes. Donc oui, le développement du vaccin ARNm a été hyper rapide pour ce coronavirus, mais sans partir de zéro toutefois, car chaque biotech a sa propre plateforme technologique, avec des modules interchangeables pour s'adapter à chaque nouvelle demande du marché. Les différentes phases des essais cliniques sont toujours le goulet d'étranglement question délai avant d'obtenir l'autorisation de mise sur le marché.
Ce n'est pas paceque la mise au point de ce vaccin a été très rapide que c'est forcément suspicieux, en ayant pris des raccourcis dangereux. Au vu des premiers succès récoltés par cette nouvelle technologie à ARNm, on peut être sûr qu'elle sera examinée à la loupe dans ses moindres détails et par le monde entier.
(*) :
https://www.cell.com/cell/fulltext/S0092-8674(20)30817-5
https://www.nature.com/articles/s41598-020-70827-zhttps://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7310631/(**) :
https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa2022483(***) :
https://www.nejm.org/doi/pdf/10.1056/NEJMoa2024671Maintenant, si tu penses que tu as une idée révolutionnaire pour augmenter l'efficacité ou le degré de couverture vaccinale contre la grippe ou que les progrès ne vont pas assez vite depuis +50 ans, contacte vite l'OMS, ils seront ravis de tes lumières
