verhaeghe a écrit:
Quelles sont les différentes techniques existantes pour éviter les attaques de requins ?
- Marquage de requins prédateurs pour analyser les comportements
[...]
Comment est-ce que l'on reconnait le mauvais requin du bon requin (je crains une réponse façon le chasseur des inconnus...) ?
Bref, pas de certitudes mais pleins de questions.
Réponses, voir les résultats de l'étude CHARC 2011-2014 à la Réunion :
https://horizon.documentation.ird.fr/ex ... 069631.pdfProtocoles pour le suivi des requins, voir pages 263 et suivantes.
Il n'y a pas de bons ou mauvais requins typé Jaws avec une prédilection sélective pour la chair humaine. Ce sont des prédateurs opportunistes, dont les plus gros individus peuvent constituer une menace fatale en cas de rencontre fortuite pour un humain, eu égard à l'ampleur des blessures infligées et aux conséquences fatales qui en découlent.
Opérer une distinction binaire bon/mauvais est une fausse piste. Le tigre et le bouledogue ont des comportements différents, occupent des niches différentes, ont des stratégies de chasse et des régimes alimentaires distincts. Pour compliquer le tout, les biotopes occupés et les comportements jour/nuit varient tout au long de l'année. Voir pages 3 pour un résumé, 117-123 pour les conclusions.
L'étude estime la population de bouledogues à ±1200 individus à la Réunion. Prélever 24 individus comme en NC va-t-il changer le comportement de cette population de manière durable ? J'en doute. Par contre, ne pas se baigner en fin d'après-midi ou le soir entre mars-mai ou après des pluies, cela va très certainement diminuer le nombre des victimes collatérales humaines en période de chasse accrue ou lors de faible visibilité pour les requins. Quand on sait que les 2/3 de la population insulaire de NC habite Nouméa et est passée de 40'000 à 180'000, pas étonnant d'apprendre que les attaques se sont multipliées dans les zones de baignade de Nouméa. Ne pas vouloir changer de comportement et persister par exemple à baigner ses enfants dans cet endroit ne me paraît pas constituer une très bonne stratégie de survie humaine.
Ne pas aller skier dans des pentes raides en hors piste avec un danger d'avalanche marqué 3/5, fort de 4/5, ou très fort de 5/5 constitue la meilleure stratégie pour rester vivant. Tous ceux qui ont été tentés ne sont plus là pour raconter leur piètre exploit d'avoir ainsi bravé le danger. Vouloir éliminer tous les dangers naturels par tous les moyens possibles pour le seul bénéfice et confort égoïste de l'humanité n'est qu'une vaine utopie. Vouloir interdire le hors piste partout n'empêche pas d'avoir le même nombre de morts chaque hiver dans les Alpes. La sélection darwinienne se charge invaraiblement d'éliminer les moins agiles/adaptés/intelligents d'entre nous face aux dangers naturels.
Il est impossible de prédire le danger d'avalanche localement. Tous au plus les prévisions ne se font qu'à l'échelle d'un massif voire d'une vaste zone géographique. De la même manière, le doute est permis et la tâche immense quand à prédire le danger requins à une zone locale précise.
Mettre des pare-avalanches et miner les couloirs qui dominent les pistes en stations de ski peut prévenir assez bien le danger qu'une avalanche surviennent sur ces pistes, mais n'est hélas pas infaillible. Impossible de miner toute les montagnes. De la même manière, mettre des filets ou prélever des requins sur une plage peut éventuellement prévenir des attaques ultérieures, mais n'est pas infaillible. Prélever tous les requins de toute île est impossible.
De la même manière que le danger de se faire emporter par une avalanche résulte d’une combinaison complexe d’accumulations de facteurs défavorables entre le skieur, la topographie et la nivologie des lieux, une attaque de requin est le résultat complexe d’une accumulation d’éléments humain, animal et environnemental défavorables en un lieu donné.
Les résultats de cette étude à la Réunion sont éloquents à cet égard :
https://hal.ird.fr/hal-01979443v1