ThierryP a écrit:
Pour avoir un circuit pro, il faut des dollars (ou des Euros), et pour en avoir, il faut présenter un spectacle qui puisse convaincre les sponsors potentiels et les faire revenir, année après année.
Ça, c'est le postulat de départ.
A partir de là, à moins que les preneurs de décision ne soient des demeurés, ils devraient pondre un règlement permettant d'assurer le plus de spectacle possible, dans le plus de conditions de vent possible, de la pétole au baston; et là, il n'y a pas 36 solutions possibles: que l'on courre en aileron ou en foil, c'est les plus gros flotteurs et les plus grandes voiles possible (et de grandes ailes de foil si on court en foil) pour la pétole, des petites voiles et des petits flotteurs pour le baston, et du matos pour le medium.
Je connais un ancien coureur pro qui dans les années 80, s'est rendu sur une compète en enregistrant 500 kg de bagages sur l'avion. Il y avait de l'ambition dans ce sport, aucune limite de matos, on lançait des manches, il y avait de gros plateaux, du spectacle (Omaezaki, La Torche ...) et du prize money substantiel.
Aujourd'hui prévaut une mentalité de gagne-petit: foil d'un côté, aileron de l'autre, petits quivers étriqués; au lieu de chercher à gagner un max, on cherche à dépenser le moins possible. Le spectacle est à l'avenant, et l'engagement des sponsors aussi.
Séparer les étapes en étapes de foil et étapes d'aileron, limiter celles d'aileron à 2 flotteurs et 3 voiles, celles de foil à 3 ailes, c'est être certain qu'à un moment ou à un autre, le spectacle en pâtira (ou pire, qu'il n'y aura pas de spectacle du tout), et prendre le risque que des sponsors ne reviendront pas.
On en a la preuve éclatante à Tenerife, avec une manche annulée en plein milieu, des relances au jibe poussives ... tout ce qu'on ne veut pas voir.
Le spectacle est très moyen, en dehors de quelques belles manoeuvres de dépassement au jibe.
Demeurés? Probablement.
En effet,
On essaie de ménager la chèvre et le chou : préserver les étapes foil et aileron, imposer des quivers réduits de chaque côté, limiter le matos, compartimenter les disciplines… Résultat ? Du spectacle moyen, des heats annulés, des relances molles, et des sponsors qui ne s’y retrouvent plus.
Le windsurf pro, c’était de l’ambition, du matos en masse, des gars prêts à tout affronter, des manches dans toutes les conditions, et surtout : du show. Aujourd’hui, on chipote, on économise, on cloisonne… et on s’étonne que le public décroche.
Si on veut que ce sport survive au niveau pro, faut remettre le spectacle au centre. Lâcher un peu les règles restrictives, permettre aux riders de s’adapter aux conditions, et viser large au lieu de petit.
Sinon, à force de vouloir tout préserver… on va tout perdre.